Pour les personnes transmasculines souhaitant une transition médicale, il existe plusieurs procédures permettant d’obtenir un torse plat. L’ensemble de ces procédures sont rassemblées sous le nom de mammectomie (ou parfois mastectomie), et top surgery en anglais. Attention, le terme torsoplastie désigne une toute autre opération ! Il est mieux de l’éviter car il pourrait rendre moins claire la demande que vous ferez à votre chirurgien.
J’ai déjà détaillé dans un précédent article le remboursement de la mammectomie en France. Ici, je vais plutôt me concentrer sur les différentes méthodes qui existent aujourd’hui en termes de mammectomie.
Des liens vers des exemples photos et vidéos de résultats sont présents en fin d’article.
Les méthodes les plus courantes en France
Deux méthodes sont couramment pratiquées en France : la double incision, et la périaréolaire ou « péri ».
La double incision
C’est la plus courante, car elle peut être pratiquée sur un grand nombre de morphologies différentes et ne nécessite pas d’avoir une petite poitrine pré-opération. Il s’agit de pratiquer 2 incisions, dont les cicatrices suivent normalement le tracé « classique » du torse chez un homme cis. Grâce à ces incisions, la graisse et les glandes mammaires sont enlevées, ainsi que la peau superflue. Les tétons sont greffés à leur nouvel emplacement, après avoir été la plupart du temps retaillés pour être plus petits. Il est intéressant de noter qu’en général, il reste 20% des glandes mammaires initialement présentes, autant que chez un homme cis. Le risque de cancer du sein ne disparaît donc pas totalement, il devient simplement similaire au risque de cancer chez un homme cis. Il est nécessaire de laisser ces glandes mammaires pour correctement irriguer le téton.
En termes de sensibilité, il est possible que le torse reste comme engourdi pendant un temps plus ou moins long, voire définitivement à certains endroits. Les tétons seront aussi peu sensibles, du moins initialement. Masser les cicatrices pendant leur période de stabilisation permet de reconnecter les nerfs, de « décoller » les cicatrices des tissus sous-jacents et de leur faire retrouver élasticité et texture classiques. Ci-dessous, des schémas illustrant l’emplacement des incisions et des cicatrices.

La périaréolaire
Cette technique ne s’applique qu’aux personnes ayant un bonnet AA, A et parfois (mais rarement) B. Il faut aussi que la peau soit bien élastique et que la disposition du torse pré-op permette une telle technique, avoir un petit bonnet ne permet donc pas nécessairement d’avoir une péri ! C’est une technique qui permet d’avoir moins de cicatrices que la double incision. En effet, 2 incisions sont réalisées pour chaque pectoral, mais le résultat est plus discret : une première incision circulaire est tracée autour du téton ; une deuxième, d’un diamètre plus grand, est tracée avec également pour centre le téton. Entre ces deux incisions, la peau superflue est donc enlevée, et comme lors de la double incision la graisse et les glandes mammaires sont retirées.
Il est courant que certaines personnes aient peur que la péri donne de moins bons résultats, qu’il « reste des tissus » et que le torse final ne soit pas complètement plat. C’est une crainte légitime car certains chirurgiens réalisent des péris (et des doubles incisions d’ailleurs !) sans vraiment être compétents sur ce point, et leurs résultats sont discutables. Avant toute décision, n’hésitez pas à demander de nombreuses photos de résultats à votre chirurgien et à rassembler des avis de personnes ayant opérées par ce médecin.
Une autre méthode, variante de la péri, existe pour les très très petites poitrines, il s’agit de la méthode « keyhole » (en anglais). Une petite incision est réalisée en suivant le contour de la moitié inférieure du téton, et le tissu mammaire est enlevé par cette incision. Cette méthode ne permet pas d’enlever de la peau ou de retailler et déplacer les tétons. Il faut donc qu’ils soient déjà placés d’une façon qui vous convienne avant la chirurgie. La périoaréolaire classique permet un peu plus de variation, et notamment de retailler le téton et de le déplacer très légèrement.
Méthodes moins courantes
Il s’agit de méthodes variantes de celles énoncées précédemment, parfois obsolètes. Certains chirurgiens proposent des chirurgies avec double incision, mais pour lesquelles :
- la cicatrice passe par le milieu du téton ;
- la cicatrice est réalisée de façon verticale ;
- la cicatrice a une forme « d’ancre marine » en partant du téton ;
- la cicatrice forme une diagonale en partant de l’épaule ou de l’aisselle et en finissant au milieu du torse.
Ces méthodes sont pour la plupart considérées comme obsolètes pour ce qui est des mammectomies en parcours transmasculins. Certaines personnes souhaitent cependant avoir l’une de ces chirurgies en particulier, et certains chirurgiens les pratiquent. Si votre chirurgien vous propose une de ces techniques et que cela ne vous convient pas, n’acceptez-pas : vous pourrez trouver des médecins qui réaliseront une double incision ou une péri selon votre morphologie.

Attention : les techniques utilisées en cas de cancer du sein et en cas de transition transmasc ne sont pas les mêmes ! Elles ne sont pas interchangeables : les méthodes utilisées en transition ne permettent pas, par exemple, de complètement supprimer le risque de cancer du sein.
Exemples de résultats
Par des chirurgiens français :
Double incision : ici
Autre exemple par un autre chirurgien : ici
Par des chirurgiens étrangers :
Péri, 1 an post-op, Royaume-Uni : une vidéo ici
Double incision, vidéo retraçant toutes l’évolution post-op jusqu’à 2,5 ans, Royaume-Uni : ici
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Si vous appréciez mon travail et que vous voulez m’aider à financer ma transition, vous pouvez faire un don à ma collecte pour financer ma mammectomie. C’est ici : le pot commun
Bonjour, vos articles sont très intéressants ! Je recherche des informations sur les mammectomies en tant que personne non binaire, qui ne souhaite pas être sous hormones. Est-ce que vous pensez pouvoir m’éclairer ? Merci beaucoup pour vos articles.
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